Mama Sama t’emmène à la découverte de l’événement le plus populaire : le carnaval des Antilles ! Il se prépare toute l’année dans les consciences antillaises. Entre défilés, bals et élections, ce rassemblement populaire s’est naturalisé au fil des siècles. Aujourd’hui, nous pouvons être sûrs d’une chose : les antillais ne peuvent plus se passer de leur carnaval.
L’ORIGINE DU CARNAVAL
Le carnaval antillais est apparu lorsque les colons débarquèrent en Martinique et en Guadeloupe au XVIIe siècle. Cette tradition païenne européenne voulait que les catholiques fassent la fête avant les restrictions du Carême.
Il était interdit aux esclaves de participer aux réjouissances, il ne pouvait que regarder les colons s’amuser lors des réceptions masquées se déroulant dans les habitations.
Au fil des années, ce moment de liberté était accordé par le maître qui acceptait que ses esclaves réalisent des cortèges et défilés musicaux à l’intérieur de la propriété en recevant dans leur quartier et en y intégrant, leur culture (masques, chants, danses, couleurs…) leurs croyances et leurs instruments de musique (tambour, ti-bois, cha-cha…). Bien entendu, Jusqu’à l’abolition de l’esclavage, il était interdit aux esclaves de défiler à l’extérieur de la propriété de son maître.
Pour les colons, le carnaval était un moyen de mieux préparer l’abstinence du Carême ; pour les esclaves, il s’agissait d’une période permettant de se réapproprier leurs coutumes africaines sans contrainte.
Tout au long du XVIIIe siècle, le carnaval a subi des interdictions, ce n’est qu’à l’abolition de l’esclavage, que celui-ci connut son heure de gloire.
LE DEROULE DU CARNAVAL
La saison des festivités liées au carnaval commence le premier dimanche de janvier lors de l’Épiphanie. À partir de ce jour, chaque dimanche est synonyme de fête, de déguisement et de célébration des traditions antillaises répartis en quatre groupes : groupe à PO, groupe à mass, groupe à caisses claires et groupe à sono.
Dimanche gras : fête multicolore. Le roi Vaval est de sortie et parade avec les autres groupes. Des chars à thèmes et les orchestres de rue défilent en respectant un parcours. Des troupes se forment derrière les groupes et reprennent en chœur les chansons traditionnelles et les nouvelles créations du carnaval.
Lundi gras : fête de l’inversion. Les hommes se déguisent en femmes et les femmes en hommes. C’est le mariage burlesque.
Mardi gras : fête du rouge. Les diablotins et les diables défilent dans les rues. La grande parade finale se déroule le Mardi Gras, qui est à l’origine le dernier jour pour manger “gras”, c’est-à-dire de la viande, avant le début du carême. Cette parade est souvent caractérisée par un grand concours de déguisements et de chars autour d’un thème commun.
Mercredi des Cendres : fin du carnaval. Les diablesses se présentent dans les rues et les groupes sont habillés en noir et blanc. En début de soirée, sa Majesté Vaval est incinérée mais renaitra de ses cendres l’année prochaine.
LES PERSONNAGES DU CARNAVAL
Le roi Vaval : Chaque année, un nouveau roi est créé à l’effigie d’une thématique environnementale, sociale ou politique.
Neg marron ou Neg gwo siwo : hommes et femmes vêtus d’un pagne, ayant la totalité du corps recouvert de mélasse (sirop de batterie mélangé à de la suie). Ils font référence aux nègres marrons, les esclaves fugitifs qui se cachaient dans les forêts pour échapper aux esclavagistes et libérer ceux qui sont restés dans les plantations.
Marian’ Lapofig : héritage de l’Afrique ancestrale, ce personnage traditionnel de la Martinique, est recouvert de feuilles de bananier séchées et tournoi au rythme des ti-bwa. Cela faisant chanter son feuillage.
Caroline Zié Loli : personnage typiquement martiniquais, Caroline serait née de la véritable histoire d’une jeune femme qui ne fut pas gâtée par la nature, mais qui aurait réussi à se marier. Malheureusement, son ivrogne de mari ne trouvant que rarement le chemin de chez lui, elle devait le récupérer en pleine campagne et le porter sur son dos pour le ramener à la maison.
Le Mass ou le Mas : costume faisant référence à un personnage de l’histoire ou de l’imaginaire guadeloupéen rappelant l’Afrique. Le Mas est un masque qui, selon sa forme, représente différents personnages : le Mass a lan-mo (masque de la mort), mass a konn (masque à cornes), mass a ruban…
Les souffleurs de conque : homme soufflant dans une conque de lambi. À l’époque les hommes soufflaient dedans pour communiquer les décès dans le bourg ou une catastrophe naturelle.
Les malpwops : personnage s’habillant en sous-vêtements féminins ou en tenues très sexy. Au départ, ils étaient présents lors des défilés du lundi gras (les mariages burlesques), mais depuis quelques années ils apparaissent tout au long du carnaval. Certains portent sur eux des pancartes ou photos au message très suggestif.
Le carnaval aux Antilles est une fête dédiée à la fertilité et la fécondité.
Le carnaval est un phénomène apprécié de tous où la diversité ne forme plus qu’une unité. Aujourd’hui, le carnaval des Antilles est un carnaval débridé et improvisé, mais qui sait garder ses traditions. N’ayez pas peur de voir et d’entendre des obscénités, c’est cette spontanéité qui fait la renommée du carnaval antillais.